Anxiété, angoisse, crise de panique : comprendre et apaiser

Les mots « anxiété », « angoisse » et « attaque de panique » sont souvent confondus, alors qu’ils désignent des expériences subjectives bien différentes. Cette confusion est compréhensible : toutes trois s’accompagnent de mal-être, de symptômes physiques parfois intenses, et d’un sentiment de perte de contrôle. Mais les distinguer permet de mieux les comprendre… et d’envisager des réponses thérapeutiques adaptées.

L’anxiété : une inquiétude persistante tournée vers l’avenir

L’anxiété est une émotion universelle. Elle se manifeste par une tension intérieure, une agitation mentale et une inquiétude face à des situations futures. Ce n’est pas tant ce qui arrive qui inquiète, mais ce qui pourrait arriver. L’anxiété anticipe des dangers possibles, souvent disproportionnés ou improbables, mais vécus comme réels.

Elle peut devenir envahissante : pensées qui tournent en boucle, ruminations, anticipation négative, difficultés de concentration, troubles du sommeil. Le corps n’est pas épargné : maux de ventre, crispations, palpitations…

Quand cette anxiété devient permanente, diffuse et difficile à maîtriser au quotidien, on parle de trouble anxieux généralisé (TAG). Il se caractérise par une inquiétude excessive et incontrôlable, présente la majeure partie du temps, sans raison clairement identifiable. Cette inquiétude concerne souvent plusieurs domaines à la fois (santé, travail, famille, finances…). Le TAG s’accompagne de symptômes physiques (fatigue, troubles du sommeil, tensions musculaires) et psychiques (irritabilité, difficultés de concentration), pouvant provoquer un épuisement progressif.

L’anxiété n’est pas toujours pathologique. Elle peut avoir une fonction adaptative : elle nous prépare, nous alerte. Mais quand elle prend trop de place, qu’elle interfère avec le quotidien ou qu’elle s’installe durablement — comme dans le TAG — elle devient source de souffrance et peut nécessiter un accompagnement.

L’angoisse : une sensation immédiate, souvent sans mots

L’angoisse se distingue de l’anxiété par sa dimension plus corporelle, plus brutale parfois, et surtout moins liée à une pensée consciente. Il ne s’agit plus ici d’inquiétude raisonnée, mais d’un ressenti profond, difficile à nommer. Elle surgit sans objet clairement identifié. Ce n’est pas la peur de quelque chose, mais une sensation d’effondrement intérieur.

Sigmund Freud a établi une distinction essentielle entre peur et angoisse. La peur est toujours relative à un objet externe : on a peur d’un danger précis, d’un animal menaçant, d’un événement à venir. Elle est localisable, identifiable. L’angoisse, en revanche, est une peur sans objet, une tension qui naît de l’intérieur du sujet, et qui n’est pas rattachée à une cause explicite. Elle est souvent le signe d’un conflit psychique inconscient, d’un désir ou d’un souvenir refoulé qui fait retour.

L’angoisse peut être vécue comme une oppression, une sensation de vide, une panique silencieuse. Elle se manifeste physiquement : gorge serrée, souffle court, boule dans l’estomac, vertiges, etc. C’est un cri intérieur sans mots. Une alarme qui signale qu’un seuil a été franchi dans le monde psychique du sujet.

Loin d’être un symptôme à éradiquer, l’angoisse est parfois un message. Elle montre que quelque chose résiste à être dit, pensé, symbolisé. C’est dans cette mesure qu’elle peut être abordée en psychothérapie ou en psychanalyse, non pas comme un dysfonctionnement, mais comme une tentative de parler autrement.

L’attaque de panique : la crise aiguë

L’attaque de panique est une expérience paroxystique. Elle éclate soudainement, de manière imprévisible, et atteint une intensité extrême. En quelques minutes, la personne est submergée par une peur massive, souvent associée à des symptômes très impressionnants : palpitations, sueurs, tremblements, sensations de vertige, de déconnexion, de mort imminente.

C’est une expérience sidérante, souvent incomprise par l’entourage. Elle peut survenir dans un supermarché, dans la rue, au réveil, sans déclencheur apparent. Ce qui en découle est tout aussi envahissant : peur de la récidive, stratégies d’évitement, sentiment de honte. Certaines personnes se retrouvent peu à peu enfermées dans un quotidien rétréci, dominé par la peur de la prochaine crise.

Les crises de panique ne sont pas des caprices ou une question de volonté. Elles traduisent un débordement émotionnel que le sujet ne parvient plus à contenir. Elles sont souvent l’expression d’un conflit psychique qui n’a pas pu être symbolisé autrement.

Quelle prise en charge psychothérapeutique ?

La souffrance liée à l’anxiété, à l’angoisse ou aux attaques de panique mérite d’être entendue. Il n’existe pas de solution universelle, mais plusieurs voies peuvent s’ouvrir à partir du moment où la personne se sent prête à chercher de l’aide.

Dans un premier temps, un médecin généraliste ou un psychiatre peut proposer un traitement médicamenteux. Les anxiolytiques (comme les benzodiazépines) peuvent être prescrits pour soulager rapidement les symptômes, en particulier lors de crises aiguës. Ils permettent de réduire les manifestations physiques de la peur et de l’angoisse. Toutefois, leur usage doit rester ponctuel et encadré, en raison du risque de dépendance. Ils ne traitent pas les causes profondes, mais peuvent offrir un apaisement temporaire, utile pour engager ensuite un travail thérapeutique.

Un suivi psychothérapeutique permet d’aller plus loin. Il existe différentes approches :

  • Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) proposent des outils concrets : identifier les pensées anxieuses, apprendre à les relativiser, s’exposer progressivement à ce que l’on évite, pratiquer la relaxation ou la respiration. Elles visent une réduction des symptômes et une reprise d’autonomie.

  • La psychanalyse et les psychothérapies d’inspiration psychanalytique s’attachent à comprendre le sens de ce qui se joue. L’angoisse, ici, n’est pas à faire taire, mais à écouter. Elle devient une porte d’entrée vers l’inconscient, vers l’histoire du sujet, ses conflits, ses blessures. Dans ce cadre, mettre en mots ce qui jusque-là ne pouvait que se vivre, c’est déjà transformer l’expérience.

L’objectif n’est pas simplement de « ne plus avoir peur », mais de comprendre d’où vient cette peur, ce qu’elle raconte, et ce qu’elle cherche à dire.

Une écoute pour transformer

Anxiété, angoisse et attaque de panique ne sont pas des ennemis à abattre. Ce sont des signaux, souvent douloureux, mais qui témoignent d’un fonctionnement psychique en tension, d’une tentative de faire face à quelque chose qui dépasse. Ces expériences peuvent nous enfermer, mais elles peuvent aussi — si elles sont accueillies dans un espace thérapeutique — devenir le point de départ d’un travail de subjectivation.

Être accompagné, ce n’est pas être pris en charge passivement. C’est s’engager dans un processus de transformation. C’est donner à ses émotions un espace où elles peuvent être nommées, comprises, entendues.

Il ne s’agit pas de guérir comme on guérit d’une infection, mais de trouver un chemin propre, à son rythme, vers un mieux-être. La parole — dans un cadre bienveillant, sécurisant et sans jugement — peut permettre cela. Elle peut remettre du sens là où il n’y avait que le chaos.

En conclusion

Faire la différence entre anxiété, angoisse et attaque de panique, c’est commencer à mieux se connaître. C’est aussi sortir de l’isolement dans lequel ces expériences peuvent plonger. Derrière chaque symptôme, il y a une histoire. Et cette histoire mérite d’être entendue. Dans le lien thérapeutique, ce qui semblait insupportable peut, peu à peu, devenir pensable.

Pour compléter cet article , voici le lien vers une vidéo sur l’anxiété :

Et une deuxième vidéo plus spécifique sur la crise d’angoisse :

Ivan Daugey

Psy safe à Toulouse

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